Je baise donc je suis : la pornosophie...XXX
J'essayais plus bas d'expliquer, de manière simple (pour ne pas dire simpliste) la nécessité qu'il y a à philosopher aujourd'hui selon moi. Etant donné le peu de personnes qui ont lu mon texte (ceux et celle qui l'ont fait, je les en remercie encore), malgré ma publicité intensive, sans parler de ceux qui m'ont tout simplement dit que "ça ne les interessait pas", mon préjugé s'est bien confirmé : nous sommes trop "cartésiens" (au sens commun) et pas assez "cartésiens" (au sens "poético-philosophique" du terme). Les "défauts" de mon texte : trop long, pas assez "concret", sans parler de la présence dans le titre d'un mot qui fait peur... C'est pourquoi j'ai décidé de me mettre à la page et de "vendre" la philosophie sous un aspect plus "bankable", plus "attractif", bref plus moderne, donc materialiste. Et quoi de plus populaire de nos jours que le sexe ? Eh bien voila, je vais faire de la pornosophie, et plutot courte, puisque nous avons l'éjaculation intellectuelle excessivement précoce de nos jours.
Voilà donc la pornosophie, la philosophie du sexe. En effet quand vous baisez, ou du moins quand vous vous masturbez, bref quand vous laissez votre libido prendre le pas sur votre pensée, vous faites de l'ontologie, de la métaphysique et donc de la philosophie. Et oui, même le plus gros pervers d'entre nous est un philosophe qui s'ignore. Et pourquoi donc ?
Prenons la célèbre phrase de Descartes, que n'importe quel collégien devrait connaitre : "cogito, ergo sum" : je pense, donc je suis. Partant de là, on est certain de certaines choses , par exemple qu'1+1 = 2, ou que ces petits seins que je presse, ou que ce pénis qui pénètre ce vagin sont vraiment un pénis et un vagin. Ils EXISTENT. Jusque là vous suivez ? Je crois qu'on est tous trés cartésiens de ce point de vue là, non ? Sauf ceux qui ne sentent "physiquement" rien pendant la baise, ou qui préfèrent l'amour platonique, mais pour eux je ne sais pas quoi dire, sinon paraphraser Desproges : "je suis dubitatif... le doute (méthodique) m'habite"...
Bien, maintenant voici le miracle de la métaphysique : c'est qu'on ne peut pas tout expliquer, par exemple on ne peux pas expliquer pourquoi on est amoureux de telle ou telle personne, du moins on ne peut pas l'expliquer rationnellement et scientifiquement (je laisse volontairement de coté les théories sur les hormones et la survie de l'espèce...). On ne peut pas expliquer pourquoi, contrairement aux animaux, on ne baise pas uniquement pour se reproduire, mais on est aussi capable d'être amoureux. De même on ne peux pas expliquer "pourquoi" telle personne préfère la sodomie et telle personne le cunnilingus. C'est ce qu'on appelle le MYSTERE, qui est le secret absolu de l'amour. Il existe bien des philosophes qui ont essayé d'expliquer l'amour, je vous renvoie par exemple à la lecture du "Banquet" de Platon, entre deux partie de baise (ou de branlette, pour les moins chanceux). Mais globalement on ne peut pas dire que l'amour EXISTE, car on ne peut pas le toucher, on peut seulement le ressentir.
Partant de là, comme je le disais plus haut : baiser, c'est faire EXISTER ce qui n'était jusque là qu'ESSENCE, c'est incarner (au sens propre, sauf pour ceux qui ont des problemes d'hygiène intime) l'amour. Par le même coup, on modifie les règles ESSENTIELLES de la métaphysique : en effet, quand je baise, je "pénètre"/ je suis pénétré(e) dans/par l'autre, il/elle et moi ne faisons, comme on dit (poéico-philosophiquement) "plus qu'un", nous nous mélangeons. Donc pendant le sexe : 1+1 = 1. Donc la baise, c'est philosophique, c'est le fait de mélanger soi-même (l'ego) avec l'autre (l'alter) : d'ou vient le terme d'alter-ego, qui veut dire "celui qui me ressemble" mais aussi "l'autre qui peut être moi" et vice versa : c'est à dire l'AMOUR. De fait, tout ceux qui ressentent un sentiment érotique dans l'idée de partager, sont des philosophes. Ceux ou celles qui ne ressentent rien, car il y en a sans aucun doute, ne sont probablement pas assez philosophes, et peut être trop "cartésiens", pour eux 1+1 = 2, deux individualités qui ne se mélangent pas, qui restent dans leurs petites existences individualistes malgré l'accouplement.
Qu'y a t'il de plus beau qu'un orgasme ? Quand se sent on plus "être", quand se sent on plus soi-même, quand se sent-on plus "vivant" que quand on joui, c'est à dire quand on se mélange, physiquement, spirituellement, métaphysiquement, ontologiquement, avec l'autre ? Qu'y a t'il de plus altruiste et égoiste en même temps ? D'ou j'en tire deux lecons : l'une, éthique, paradoxale, c'est que l'individu-ego ne peut être lui même que dans et par l'autre-alter. L'autre leçon, ontologique, c'est que si nous devons avoir un dieu, et que ce dieu est celui du sexe *, alors je propose, non plus "cogito ergo sum" comme devise, mais, pour nous réconcilier avec la métaphysique : "coïto ergo sum", ce qui, grosso modo, veut dire : je baise, donc je suis**.
* Il y aurait beaucoup a dire aussi sur ce "dieu du sexe", qui n'est certainement pas toujours en même temps le dieu de l'amour, faute de "philosophie". Sans ce doute contemporain, je n'aurais pas hésité a parler du dieu antique Eros.
**Que, si j'étais meilleur latiniste, je déclinerais sous forme de : "je baise, donc nous sommes", et même "nous baisons, donc je suis". Mais vous l'aviez compris, si vous êtes allé jusque là.